" Vins fruités" ? Attention !

Ah ! "Les vins fruités" ! Ils sont partout, dans les restaurants, dans les caves , sur les étalages, sur les tables, dans les verres, ...



Le fruit de la vigne et rien d'autre !

Qui ne sait pas entendu proposer un jour ou l’autre, le midi ou le soir, au restaurant, un "vin fruité". Vous hésitez devant la carte. Vous demandez celui qui pourrait accompagner au mieux le plat choisi, et le serveur, la serveuse, gentiment vous suggère, en vous regardant avec ses grands yeux : "Un vin fruité. Cela ira très bien !". Le mot est partout. Le mot est utilisé par ceux qui ont à proposer des vins, sans pour autant, cela se voit, cela s’entend, maîtriser ce que veut dire « fruité », sauf que « fruité » laisse entendre qu’il y a du fruit, donc du naturel, donc que ce produit que l’on vous propose est peut-être bio, voire plus que bio puisqu’il est fruité. Il faut ajouter que le mot « fruité » agrège des qualités positives alors que le mot « bio », parfois, agrège des doutes ou des réserves, vu les assauts idéologiques dont il est l’objet. Et le couple bio-fruité se joue a l’avantage du fruité parce qu’il y aurait soit disant des "bio" qui ne sont pas fruités. Arrêtons là ce type d’évocation et demandons nous comment le "vin fruité" est produit.

Parce que le" vin fruité" n’est pas le résultat de processus naturel, contrairement à ce que l’on croit mais dans la majorité des vins conventionnels, il est le produit d’interventions œnologiques, chimiques, qui permettent d’obtenir ce prétendu goût de fruité. Bien entendu, nous ne pourrons pas évoquer ici, directement, les produits « enzymes" qui contribuent à la fabrication du fruité Il faut savoir qu’ils sont fort nombreux et qu’ils présentent tous, à quelque chose près, les propriétés suivantes :
« préparation enzymatique purifiée et concentrée, destinée à l’extraction sélective des composés phénoliques de la pellicule des raisins. Spécifiques des macérations courtes, ces produits permettent l’élaboration de vin rouge ou rosé, fruité, coloré et rond à rotation rapide ».

Tous permettent de réduire les temps de cuvaisons et d’augmenter les rendements. Bref ! Si vous voulez du "fruité", utilisez les produits oenologiques qui conviennent. Attention il faut se protèger car ils présentent quelques dangers.

Quant on examine les fiches de sécurité qui accompagnent recommandations et usages de ces produits, on s’aperçoit qu’il y a, comme pour tous les produits œnologiques, besoin d’un masque respiratoire avec filtre, de protection des mains avec des gants imperméables, de protection oculaire, de lunettes de protection, et que l’inhalation des poussières enzymatiques, résultant d’une manipulation inadéquate peut provoquer des réactions de type allergiques, qui en contact prolongé avec la peau, peut provoquer des irritations. Malgré cela la préparation en question est classée non-toxique ! Un peu plus loin dans la fiche, il est dit que les conditions d’utilisation étant hors contrôle de la société qui fabrique le produit, il appartient à l’utilisateur de déterminer les conditions de l’utilisation, conditions qui doivent être « sûres et assurées ».

Ce petit parcours dans l’univers du discours des produits œnologiques nous permet de comprendre que le fruité naturel est avant tout chose un fruité chimique.

La propulsion de ce mot dans les discours du vin ou sur le vin, discours simples, ordinaires, celui du serveur, de la serveuse dans un restaurant a une fonction idéologique : barrer la route aux vins naturels et aux vins "bio et en biodynamie" car ces derniers menacent les moyennes gammes et les hautes gammes et pourraient prendre très vite la place des vins technos.

Cela la viticulture conventionnelle veut l’éviter à tout prix. Avec le « vin fruité », elle a lancé une guerre idéologique dont nous aurons ici, dans ce blog, un plaisir à vous montrer les tenants, les aboutissants, et les formes qu’elle peut prendre.

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