Métier de vigneron Acquis des conférences "Vignerons en compagnonnage"
2013 BORDEAUX Cap Sciences
1ère conférence " Regards croisés sur le métier de vigneron" 28 février
2ème conférence " Etonnants vignerons" 25 avril
3ème conférence "Savoirs vignerons" 30 mai
Cela fait maintenant plus de deux mois que nous avons commencé notre cycle de conférences sur le métier de vigneron. En février, le 25, la première, « Regards croisés sur le métier de vigneron » et en avril la seconde , toujours le 25, « Etonnants vignerons ». A ce jour, nous avons auditionné et porté au débat les positions et propos de quatre vignerons : Richard LEROY, Nicolas ROUX, Valérie GODELU et Jean-Pierre AMOREAU. Nous avons également reçu et entendu Etienne DAVODEAU, auteur de la BD "Les ignorants" Ed.Futuropolis, ainsi que le Provincial de l’Association ouvrière des Compagnonsdu devoir sur l’Aquitaine, Christophe PHILIPPOT. Pour ma part en tant que vigneron et sociologue, j’ai accompagné de remarques, commentaires et introductions diverses toutes ces belles interventions.
Le temps est déjà venu, parce que les échanges ont été
intenses, de relever les premiers acquis de ces deux premières conférences. Acquis
que nous pourrons mobiliser lors de la troisième conférence. Le 30 Mai, Jacky RIGAUX nous présentera « Les trois modes culturaux du
travail de la vigne ainsi que leurs effets sur le métier de vigneron ».
Le texte développé ci-après, n’est qu’un relevé thématique des acquis des deux premières
conférences. Il appelle un document plus riche en matière et en référence aux
interventions des vignerons. Son utilité ?
préparer les échanges du 30 Mai.
1- Métier de vigneron et diversité des pratiques vigneronnes.
Le métier de
vigneron prend forme et sens au cœur de ce que l’on appelle aujourd’hui "Les métiers de la vigne et du vin. ». Il assemble, lie et re-lie
entre eux gestes professionnels,
processus et savoirs qui donnent corps au métier de vigneron. On pourrait ainsi
le résumer « Accompagner la plante dans ses accomplissements et
transformations successives en prenant en compte ses rapports aux sols et à la diversité de ses environnements
et cela jusqu’à l’expression dernière
de son fruit ». Si cette synthèse fait consensus parce que
héritière de traditions partagées elle appelle aussitôt posée de nombreuses
réserves.
Diversité des manières d’entrer dans le métier
Diversité dans les manières d’exercer le métier.
Diversité des
pratiques vigneronnes qui produisent des vins différents pour des amateurs
différents, vendus sur des places différentes, pour des clientèles ayant des
goûts distribués et dispersés .
Le monde du vin est un monde pluriel.
2- L’amour du
produit, l’amour du métier.
«C’est par gourmandise et passion de la dégustation que je suis venu au
travail de la vigne , j’avais envie de savoir comment se fabrique ce
produit qui me donne tant de plaisir ». Propos de vignerons.
Commentaire : il n’y a pas bonne maîtrise d’un métier, s’il n’y a pas un lien fort, une sorte de connivence,
amour diraient certains, entre l’homme ou la femme de métier et le produit « fabriqué ».
Pour entrer et « avancer » dans un métier, il faut
aimer son produit.
3- Vigneron, un
métier d’accompagnateur.
Le vigneron intervient sur le vivant végétal. Il accompagne le
"déploiement/dépliement"
du végétal, de la plante, jusqu’à son accomplissement, jusqu’au fruit. Fruit
qui ensuite va se transformer en vin.
Vigneron : un métier d’accompagnateur.
4- Importance des communautés. Présence des anciens. Transmission.
Importance de la culture de
l’échange dans les communautés vigneronnes Importance de
la parole des anciens. Ces « monstres de savoir ».
Trop important pour être présentés
en « raccourci »
5- Connaissance
intime, rapprochée, de la plante et de la parcelle.
Intervenir, puis observer, ce que produisent nos interventions
pour… observer à nouveau et mieux intervenir.
Compagnonnage
avec l’ensemble que constituent « les
sols, la plante, les climats, l’exposition, les données géographiques et
géologiques, la mémoire des gestes, la parole des anciens etc. »
6- Attachement à la parcelle.
6- Attachement à la parcelle.
De cette rencontre intime avec la plante et le sol, renforcée
par le déploiement de multiples
connivences, naît progressivement un attachement à la parcelle. Une sorte de
connaissance fusionnelle. Dans cette confrontation le vigneron se construit et construit son métier. Il
devient alors « Le champion du monde de sa parcelle ». Elle est
unique. Il est le seul à la connaître dans son présent
et dans son potentiel.
7- L’observation et le partage des observations ont plus d’importance que la mesure « scientifique ».
7- L’observation et le partage des observations ont plus d’importance que la mesure « scientifique ».
Le vigneron observe sa vigne ( dépliement et déploiement) fait des constats, en parle à ses
proches. En retour, il s’alerte, se mobilise ou ne se mobilise pas pour intervenir.
Sauf
exception il ne se laisse pas « prendre par l’outil
de mesure » qui lui signale qu’il a dépassé les seuils tolérés et
acceptables. Il court un risque. Il le sait. Il ne le néglige pas. Il
en connaît aussi la
relativité et les évolutions possibles. La mesure ne saisi pas la durée
« du vivant se transformant » . Elle nous dit l’instant. Dans la
décision du vigneron le ressenti prime… Le ressenti lui se construit
dans la
durée.
8- « Vigneronnage » et éthique.
8- « Vigneronnage » et éthique.
Faire du vin ou
le fabriquer ? Faire du vin c’est accompagner une plante et un processus
de transformation des fruits de la plante pour que se construise
progressivement un produit que l’on appelle le vin et que l’on souhaite autant
que possible bon, naturel et sain.
Le vigneron se
trouve confronté aux risques qu’il
fait courir à ses clients lorsqu’il ajoute aux vins en train de se construire, des
produits, issus de la chimie de synthèse .
9- Réalisme. Faire son métier en prenant en compte la pression de l’administratif et des normes.
9- Réalisme. Faire son métier en prenant en compte la pression de l’administratif et des normes.
Les différents territoires viticoles se sont bâtis et définis
au cours de l’histoire de manière différente. En Bourgogne, le découpage en
climat suit les logiques du sol et du terroir. En Bordelais, le découpage des
sols a été fait en fonction d’une logique administrative et non pas en fonction
d’une certaine composition des sols. Il faut faire avec. Il faut parvenir à
exercer son métier dans des univers contraints
L’important ne pas faire rendre l’âme au métier de
vigneron. Tout au contraire de lui redonner vie pour mieux maîtriser ce jeu de
contraintes.
10- Des routes à ouvrir…
10- Des routes à ouvrir…
Aujourd’hui il semblerait que l’on forme plus de commerciaux,
de managers des systèmes productifs viticoles de dégustateurs et d’oenologues,
que de vignerons, hommes de métier
accomplis.
C’est ainsi et c’est regrettable pour le métier de vigneron et
pour le vin.
Le projet "Vigneron en compagnonnage" vise à «Produire des vignerons, hommes et femmes de métier », enrichis tout au long de leur parcours professionnel par le voyage et la rencontre avec d’autres hommes de métier.
Le projet "Vigneron en compagnonnage" vise à «Produire des vignerons, hommes et femmes de métier », enrichis tout au long de leur parcours professionnel par le voyage et la rencontre avec d’autres hommes de métier.
Il n’y a pas de regret il n’y a que des routes à ouvrir
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