BIODYNAMIE, PRODUIRE PROPRE, PURETE DU PRODUIT, LE DEBAT...




Produire propre, pureté du produit, un débat qui prend forme dans les univers viti-vinicoles !


Dans les mondes viti-vinicoles d’aujourd’hui, la notion de « pureté » se fait progressivement une place. On l'utilise. On la réutilise. Elle est partout. Mais pourquoi donc une si forte présence ?



Pureté !  Quel mot !
Si l’on en croit le Petit Robert que nous fréquentons tous, et tous les jours, la pureté c’est « l’état de ce qui est pur et sans souillure » ou encore « l’état de ce qui est sans mélange (pureté native) », « l’état de ce qui se conforme avec élégance à des règles et à un type de perfection ». Enfin, c’est aussi « l’état d’une substance ne contenant en principe aucune trace d’une autre substance, homogénéité parfaite ». C’est « l’état de ce qui est sans défaut et sans altération ».

Ce matin, sur le pas-de-porte du boulanger, une personne m’interpelle. Elle me sourit. : « Vous êtes le vigneron du Château Lagarette ? »
« Oui, bien sûr » lui répondis-je. « Vous êtes venus récemment au domaine ? ». « Oui », me dit-il « avec Maud, ma compagne, sur recommandation de sa mère. »  « Ah ! »  « Oui »

Et de parler vin tous les deux, et de commencer à échanger le tout autour de ce qui fait la qualité des échanges.
« Il est bon, le vin que m’avez acheté ? »
« Oui » me répond-il. « Je l’apprécie beaucoup parce qu’il est pur » et d’ajouter « Dans ma cave, j’ai beaucoup de grands vins, de belles étiquettes, de grands noms, mais la pureté n’est plus au rendez-vous. Or  c’est elle qui m’intéresse aujourd’hui. C’est ce que je cherche, un vin puissant et pur. »

Juste après cette rencontre aimable, je vois apparaître sur l’écran de mon ordinateur une note venant d’un partenaire, laboratoire d’analyses, qui me rappelle les faits suivants :
« En mars 2017, la Commission européenne a publié un rapport sur l’étiquetage obligatoire de la liste des ingrédients et des valeurs nutritionnelles pour les boissons alcoolisées.
La Commission européenne invite les industriels à élaborer en un an une proposition d’auto-règlementation pour rendre visible la liste des ingrédients (notamment les allergènes) ainsi que les valeurs nutritionnelles sur l’étiquetage de toutes les boissons alcoolisées.
La Commission européenne évaluera cette proposition et lancera une analyse d’impact pour examiner d’autres options envisageables si l’auto-règlementation proposée par les industriels ne lui paraît pas satisfaisante. »
Diable ! Me dis-je si Bruxelles en parle c'est que l'affaire devient sérieuse. Elle est effectivement très sérieuse cette affaire.
L'idée, la notion de pureté ou encore de propreté fait déjà débat.

Comment produire propre ? Un récent débat, prétendu débat, organisé par le CIVB à la Cité du Vin à Bordeaux en est un magnifique témoignage. Nous avons assisté pendant près de deux heures,  à la confusion (voulue, non-voulue) entre trois idées « système de management environnemental » ,  « développement durable », et  « produire propre ». Or nous savons tous que ces notions ces expressions n'ont pas même statut. On peut très bien dire que l’on va  protéger l'environnement avec un discours sur le développement durable sans pour autant modifier les processus de production et continuer à produire « sale » tout en disant que l'on produit « propre ». Le dispositif discursif, le prétendu débat qui n'en était pas un visaient à faire croire que la simple mise en place d’un système de management environnemental permet de modifier des processus de production qui sont viciés depuis des années.

La question du produire propre est une question active aujourd’hui et surtout dans les domaines de la viticulture. J’ai souvent eu l’occasion lors de conférences ou d'échanges informels avec des partenaires et amis de raconter l'histoire des trois questions qui nous sont régulièrement posées par nos interlocuteurs en Amérique du Nord.

Première question : Est-ce que ton produit est propre ?
Deuxième question : Est-ce que ta terre est propre ?
Troisième question : Comment travailles-tu ?
Et enfin quatrième question : Où habites-tu ? sous-entendu le fait d'habiter de produire dans un village prestigieux quelque part niché, en Médoc, Pomerol, Saint-Émilion,  Bourgogne ou  Alsace,  ne suffit pas.
La terre n’est peut-être plus propre aujourd’hui. La manière de faire ne convient pas à ceux qui ont le plus grand souci de la nature et du respect que l’on lui doit et enfin, enfin le produit peut être arrangé de mille et une manières.

Il faudra donc dans les années à venir, que les responsables
institutionnels producteurs et les marchands  prennent en charge ces  trois questions.

Un fait important qu’il nous faut ici souligner. Quelles que soient les positions prises par les responsables institutionnels de la profession, les consommateurs et dégustateurs, sont aujourd’hui et plus que jamais, des personnes actives. Surtout dans la jeune génération.

Nous les avons vus récemment s’intéresser avec passion à la biodynamie Nous les voyons aujourd’hui devenir « vegan »  pour des raisons qui ne sont pas toujours liées à l’histoire du mouvement  « vegan ».  

Beaucoup se sont mobilisés à propos des souffrances imposées aux animaux dans les abattoirs. Cela a fait sourire certains mais le fond est d’une toute autre nature que le simple fait (cruel !) qui les a mobilisé. Ils sont  portés par un profond respect du vivant.

Produire propre, avoir le souci de la pureté, c’est aussi avant toute chose respecter le vivant, le vivant animal, le vivant végétal, vivant minéral. Mais aussi et surtout et en principal le vivant humain.

Yvon Minvielle 22 juillet 2017

Commentaires

Unknown a dit…
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